Les Directions des Achats
face au défi des travailleurs indépendants
Depuis plus de 10 ans le phénomène des travailleurs indépendants n’a cessé de se développer sur le marché du travail en France. Cette nouvelle forme de collaboration disruptive a pris sa place à côté du travail salarié et de l’intérim. On compte aujourd’hui en France plus d’un million de travailleurs indépendants dans les domaines de l’IT / digital, de la communication / marketing, de la chefferie de projet et du consulting.
Ces « Ipro », selon l’appellation européenne, ont fait le choix de créer leur propre société, sans employer de salariés, pour concilier entreprenariat, rémunération, équilibre de vie et collaborer à des projets intéressants à valeur ajoutée. Leur carburant ? Leur e-réputation. Eux qui sont ultra connectés à des réseaux professionnels, elle est le vecteur essentiel de leur activité commerciale florissante.
Les Directions des Achats sont souvent désarmées pour appréhender ce phénomène, souvent par manque de maturité et elles ne perçoivent pas toujours les bénéfices à en tirer. En plus d’être garant du process achats et de la génération des économies, l’acheteur doit connaître parfaitement son marché « fournisseurs », gérer les risques et apporter des solutions innovantes à ses clients internes.
Certains ont compris que ce phénomène est protéiforme : sous-traitance … pas toujours déclarée, portage salarial, auto-entreprenariat, freelancing, plateformes de mise en relation entre l’indépendant et le client final comme Malt, Crème de la Crème, LittleBIG Connection… La liste est longue mais les « business models » ne sont pas identiques, évoluent rapidement et présentent des risques plus ou moins importants sur les plans opérationnel, financier et fiscal.
L’acheteur est condamné à s’y intéresser dès maintenant s’il ne veut pas voir son rôle réduit aux acquêts ou même remis en cause par des clients internes qui finiront par se débrouiller seuls. Il contribuera alors à côté des RH, et c’est nouveau, à la captation de nouveaux talents dans un contexte très tendu sur ce sujet.
Il proposera de faire des tests avec des plateformes car elles offrent pour les grands acteurs et ETI des fonctionnalités de reporting et d’analyses poussées, mais aussi une assistance pour proposer une sélection pertinente de bons profils. Un test de 6 à 9 mois suivi d’un retour d’expérience avant une éventuelle généralisation semble être une bonne pratique. SNCF, Crédit Agricole, Allianz, L’Oréal notamment ont procédé ainsi.
Un maître mot : avancer pas à pas. L’acheteur veillera aussi à mettre les risques juridiques sous contrôle.
Le délit de marchandage et le prêt de main d’œuvre illicite ne sont pas visés comme on l’entend trop souvent à tort. Le risque principal c’est celui de la requalification en contrat de travail. Une collaboration étroite avec les juristes est plus que nécessaire pour encadrer la relation. Il n’y a pas une formule magique universelle mais l’acheteur va devoir être vigilant, agile, créatif et révéler pleinement ses talents de chef d’orchestre pour apporter la meilleure solution, durable, à ses prescripteurs.
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