facebook linkedin twitter linkedin

Points de vue
 
 
 
 

Didier Alleaume

Associé
Grant Thornton
 
 
Banque de détail : le dernier braquage ?

Coup de tonnerre dans la banque de détail en France, le réseau d’HSBC (270 agences et 800 000 clients plutôt haut de gamme en vente depuis plus d’un an) serait cédé pour l’euro symbolique. En fait, la transaction serait même plus douloureuse pour HSBC avec une recapitalisation de 500 millions en solde de tout compte des pertes massives de ces dernières années.

HSBC avait acquis le renommé Crédit Commercial de France il y a 20 ans au prix de 11 milliards d’euros : la destruction de valeur est patente et massive.

La banque de détail touche le fonds

Au-delà du « prix » de la transaction, l’autre signal est l’identité de l’acquéreur : Cerberus, un fonds d’investissement américain, déjà propriétaire de My Money Bank, acheté à GE il y a 3 ans, et dans la lignée de Milleis Banque (Ex Barclays Bank en France) achetée en 2017 par AnaCap, fonds d’investissement britannique, La Banque Postale et la Société Générale avaient regardé le dossier HSBC avant de jeter l’éponge face à l’ampleur du challenge. La digitalisation des transactions, l’émergence de néobanques et probablement l’impact des scandales financiers transformant progressivement le banquier en « bankster » ont scellé le désamour entre la banque de détail et ses clients. Ainsi, le sondage Posternak Ifop de septembre dernier sur l’image des banques, le leader français, le Crédit Mutuel, était crédité de – seulement - 42% d’opinions positives (36% pour le Crédit Agricole et … 17% pour BNP PARIBAS).

Une transition inévitable vers les néobanques ?

Le métier de banque de détail souffre des taux bas et de la fin de la rente du float (les jours de valeur), le modèle de distribution est inadapté et cher et la proposition de valeur limitée. En vingt ans, la profitabilité des réseaux bancaires a été divisée par deux alors que les besoins d’investissement de modernisation du système d’information explosaient. En conséquence, une fuite des investisseurs : la capitalisation boursière de la Société Générale était seulement de 9,4 milliard d’euros à fin septembre contre 34 milliards il y a 10 ans malgré l’annonce du renouvellement de ses dirigeants, de la fusion des réseaux SG et CDN et de prochaines cessions. Début septembre, la banque s’est fait sortir de l’indice Euro Stoxx 50 par la fintech néerlandaise Adyen (plateforme de paiement). « Personnellement, je ne suis pas sûr que rajouter des briques dans la banque de détail fasse partie du modèle du futur » déclarait le 2 octobre dernier Philippe Wahl, du PDG Groupe La Poste dans les Echos.

Alors comment être une banque dans un « monde qui change » ?

Grandir ou mourir, dilemme des banques à réseau ? L’effondrement de la profitabilité et des capitalisations relance les rumeurs de fusions avec, par exemple, en Espagne, le rapprochement annoncé de Caixa Bank et de Bankia. Mais cela ne suffira pas face à l’appétit affiché par les néobanques « digital natives » qui captent massivement des clients tout en peinant, toutefois, à trouver un équilibre financier, et en attendant la vraie menace des Gafam & Batx. Nous assistons à la mutation de la banque de détail qui devient une commodité à laquelle le client n’accorde plus qu’une valeur marginale. La reconquête des clients semble passer par la compréhension de leur diversité et des nouveaux usages. Comme le proposait Cyril Chiche, CEO et Co-founder de Lydia, le 10 septembre dernier : « Et si on commençait par s’intéresser aux aspirations et aux besoins profonds des individus pour bâtir des services financiers personnalisés ? »[1] .

Et si, surtout, on commençait par (re)trouver des banquiers dans les agences ? Car « les services financiers ne sont pas que des services ; c’est avant tout un accompagnement des clients dans des actes allant du quotidien à l’événement exceptionnel. », indiquait récemment Cyril Borgniard dans l’Opinion[2].

[1] https://www.lopinion.fr/edition/economie/si-l-avenir-etait-a-re-humanisation-banque-tribune-cyril-chiche-lydia-221757

[2] https://www.lopinion.fr/edition/economie/services-financiers-c-est-tout-accompagnement-clients-221751

 
 
 
 

 
 
Contactez-nous
grantthornton.fr
FB   In   TW   Instagram
 
© Grant Thornton, Tous droits réservés. “Grant Thornton” est la marque sous laquelle les cabinets membres de Grant Thornton délivrent des services d’Audit, de Fiscalité et de Conseil à leurs clients et / ou, désigne, en fonction du contexte, un ou plusieurs cabinets membres. Grant Thornton France est un cabinet membre de Grant Thornton International Ltd (GTIL). GTIL et les cabinets membres ne constituent pas un partenariat mondial. GTIL et chacun des cabinets membres sont des entités juridiques indépendantes. Les services professionnels sont délivrés par les cabinets membres. GTIL ne délivre aucun service aux clients. GTIL et ses cabinets membres ne sont pas des agents. Aucune obligation ne les lie entre eux : ils ne sont pas responsables des services ni des activités offerts par les autres cabinets membres.