Parole de Commissaire aux comptes :
la valeur d’une entreprise ne se lit plus seulement dans les états financiers
Des questions et une loi
La crise sanitaire que nous traversons actuellement a renforcé la notion de raison d’être des entreprises, et plus particulièrement celle d’un secteur que l’on aime critiquer : l’agro-alimentaire. En effet, elle a notamment redonné du sens à la valeur entrepreneuriale en montrant l’importance du travail réalisé et souligné la prégnance de sa mission : nourrir la population française, sans faillir, et quoi qu’il en coûte.
Durant cette période propice aux questionnements, des réflexions profondes ont été engagées par certaines structures sur leur utilité au service de l’intérêt de tous. Elles font d’ailleurs écho à la loi Pacte de mai 2019 qui a modifié son article 1835 du code civil pour introduire la notion de raison d’être dans les entités et les entreprises à mission. L’objectif de la troisième mesure de la Loi Pacte étant de responsabiliser la gouvernance au cœur de ses enjeux de transformation et ainsi d’intégrer la raison d’être en tant qu’outil stratégique. Des grandes entreprises françaises ont depuis reformulé leurs vœux pour accroître leur responsabilité sociale et environnementale au profit d’un intérêt collectif. C’est le cas notamment d’un fleuron de l’industrie française ; le groupe Danone qui a choisi de réaffirmer son identité et son utilité en modifiant ses statuts en entreprise à mission lors de son Assemblée Générale du 26 juin 2020. Le groupe Danone a décidé ainsi d’affirmer son engagement par une allocation de 2 Milliards d’euros à sa transition écologique.
La RSE comme roadmap, les chiffres comme miroir de l’engagement
En parallèle, d’autres groupes français, tels que la coopérative agricole Agrial que nous suivons, ont également initié une démarche RSE depuis quelques années permettant de faire rayonner leur raison d’être auprès de leur écosystème. L’engagement très fort d’Agrial, acteur d’envergure internationale, consiste à développer une agriculture et des activités de production et de transformation respectueuses de l’environnement en veillant à la qualité de vie des animaux d’élevage et à la préservation de la biodiversité. Elle est aussi la seule coopérative française à indexer la rémunération de sa dette sur sa politique RSE. Dans ces perspectives, la validation des documents extra-financiers en tant que Commissaire aux comptes est réellement complémentaire à la mission de certification des comptes, et s’inscrit dans une démarche globale d’analyse des risques et de prise de connaissance générale de l’entité. Elle est un outil de validation de la sincérité des engagements pris par l’entité et un levier de confiance auprès parties prenantes (adhérents, clients, partenaires financiers, salariés) ; car les effets d’annonces, seuls, ne suffisent plus.
Depuis quelques mois, la gouvernance du groupe a décidé de renforcer les actions environnementales à travers une démarche agrilogique qui permet de garantir aux consommateurs une production de légumes sans pesticide et a décidé d’en faire un axe prioritaire et stratégique dans son évolution. Aujourd’hui, la communication de ces indicateurs est non seulement attendue par les adhérents du groupe mais fait l’objet d’un suivi régulier par une commission dédiée. Ces indicateurs permettent ainsi de traduire au travers d'éléments financiers la prise en compte de l’impact du groupe sur les risques sociaux et environnementaux. Ils donnent ainsi du sens aux valeurs portées par les adhérents de cette coopérative en valorisant ses marques et en fédérant ses adhérents.
D’autres groupes industriels, tels que le groupe Norac (La Boulangère, Sandwichs Daunat, crêpes Whaou), dont nous sommes également Commissaire aux comptes, ont, eux aussi, fait la radiographie de leur entreprise pour faire évoluer leur groupe dans une dimension sociale et environnementale raisonnée. Ils privilégient dans leurs actions le référencement de circuits courts avec des producteurs locaux, de matières premières sélectionnées, d’actions solidaires et de lutte anti-gaspillage tout en mettant en avant la qualité de leur produit.
Des choix citoyens qui façonnent le secteur de l’audit
Face à l’émergence de cette prise de conscience, nous avons ainsi intégré cette dimension sociale et environnementale dans nos recrutements au sein de Grant Thornton en élargissant les profils d’auditeurs car nous sommes persuadés que cette démarche sera tout aussi importante dans les prochaines années que la seule certification des états financiers. Les parties prenantes auront ainsi besoin de la confiance apportée dans la validation de ces indicateurs pour la valorisation d’ensemble de la société et nous sommes convaincus que nous serons les seuls acteurs à pouvoir apporter cette confiance. Nous sommes très fiers d’être Commissaires aux comptes de groupes qui donnent du sens à leur entreprise et qui partagent tout comme Grant Thornton les valeurs d’éthique, de solidarité et une dimension éco-responsable dans leurs actions.
Notre rôle en tant que Commissaire aux comptes évolue et plus que jamais nous devons sensibiliser les acteurs industriels sur les enjeux sociaux et environnementaux et ce quelle que soit la taille de l’entreprise. Nous pouvons constater que cette prise de conscience n’est pas seulement dévolue aux grands groupes mais que de nombreuses PME entament désormais cette réflexion et mettent en place des actions au sein de leur structure. Quand on partage ces valeurs et ce, même si nous sommes indépendants, c’est une grande fierté de pouvoir accompagner les entreprises auditées dans une réflexion plus globale sur la mission sociétale de l’entreprise au-delà de son objet social.
Les jeunes générations auront encore plus à cœur de veiller au respect de cette dimension sociétale dans la raison d’être des entreprises. Les données extra-financières seront dans un avenir proche des éléments aussi importants à suivre que les éléments financiers. Nous aurons ainsi un rôle accru en tant que Commissaire aux comptes à donner de la confiance dans la communication des données extra-financières qui seront le reflet des engagements pris par les entreprises.
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