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Tristan Mourre |
Directeur RSE
Grant Thornton
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La crise, acteur des consciences ou la nécessité de changer notre modèle économique
Dans un contexte normatif en pleine effervescence, la raison d’être des entreprises apparaît comme le nouveau point d’ancrage d’un débat sociétal majeur.
Parmi ce foisonnement disparate qui s’entrechoque avec les législations locales existantes, il est difficile de trouver un consensus international qui touche aux prérogatives étatiques. Un traité contraignant le secteur privé sur le respect des droits humains est au point mort, du fait de l’impossibilité qu’ont les Etats de se mettre d’accord sur la notion même de contrainte. Sans cette dimension, ce traité serait similaire à tous les autres instruments internationaux qui traitent de ce sujet : des guides de bonnes pratiques morales. Qui plus est, l’obligation du respect des standards sociaux et environnementaux européens aux fournisseurs implantés à des milliers de kilomètres pose question. Le modèle organisationnel et fonctionnel de la RSE est ancré sur des préoccupations sociales et intrinsèquement culturelles, rendant celui-ci obsolète selon les réels besoins des populations. Les bonnes pratiques véhiculées par ce discours occidental peuvent-elles réellement masquer la réalité quotidienne des pays ?
Au moment où l’économie mondiale est à l’arrêt, il convient de repenser notre modèle même d’économie et de rentabilité. La chute drastique des émissions de CO2 du fait de l’arrêt des activités industrielles en est un premier exemple. Elle montre notre réel impact et traduit le besoin de repenser les nouveaux moyens de production. Parce qu’il n’est pas possible de se contenter de ne plus produire pour ne plus polluer.
Paul Polman, ancien PDG d’Unilever, a affirmé récemment que « nous ne "devions" pas perdre de vue une rapide transition vers un modèle plus durable et équitable afin d’éviter de futures pandémies ».
Que peuvent faire les entreprises ? Enormément. La première étape est d’aligner leurs stratégies avec les ODD, le meilleur business plan du monde ». Les entreprises vont-elles profiter de la reprise d’activité pour se lancer dans une course effrénée à la rentabilité à court terme afin de rattraper les pertes, ou vont-elles repenser véritablement leur modèle de production et d’affaires ? Certaines grandes entreprises montrent déjà un usage outrancier des aides accordées par l’Etat alors que d’autres participent volontairement à l’effort de « guerre ».
On peut penser qu’il en sera de même lors de la relance. Les pouvoirs publics auront alors un fort rôle à jouer dans cette transformation selon les mécanismes de relance proposés. Et nous aussi. Alors que l’on pourrait penser à un repli vers des comportements égoïstes et de survie primaire, les initiatives individuelles citoyennes se multiplient et la prise de conscience sociale et environnementale semble décuplée. En témoigne notamment les résultats du premier tour des élections municipales. Les parties « classiques » ont vu leur score globalement diminuer à l’avantage des écologistes et des verts. Comme ancrage d’une nouvelle pensée moins consumériste et tournée vers une économie locale et la protection de notre planète.
L’analyse de la crise sanitaire que nous vivons à la lumière des 17 Objectifs de Développement Durable montre l’interconnexion entre protection de l’environnement et protection sociale des populations. L’impact à la fois négatif sur la santé, l’emploi et le creusement des inégalités et positif sur la préservation de la biodiversité, la qualité de l’air ou l’entraide intergénérationnelle.
Trouver un équilibre « durable et équitable » semble être la seule et unique réponse à la crise que nous vivons.
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